Prix Pinocchio 2010 – Témoignages

J’ai eu l’opportunité d’assister à la remise des prix Pinocchio 2010, organisée par Les Amis de la Terre et ses partenaires (voir article précédent). Jacques-Olivier Barthes, directeur de la communication de la fondation WWF France, et Aloys Ligault, chargé de campagne sur la Responsabilité des entreprises au sein des Amis de la Terre France, ont répondu à la question : « Comment des ONG, avec leur humanisme et leur générosité, peuvent-elles utiliser la Publicité, inscrite dans une logique marketing, sans perdre toute crédibilité vis-à-vis de leurs combats et donateurs ? »

Jacques-Olivier Barthes
Pour lui, la Publicité n’a pas de valeur en elle-même : c’est un « moyen neutre » pour une organisation de communiquer avec le monde. Le plus important, c’est l’intention qui se cache derrière cet outil. La fondation WWF par exemple, utilise la Publicité pour défendre ses valeurs et faire avancer sa cause. Il n’y a aucun problème éthique dans cette démarche. Ainsi, les actions menées par les organisations « Antipub » apparaissent vide de sens à son égard.

Aloys Ligault
« Il faut avoir les pieds sur terre » : dans notre société, il est suicidaire de ne pas communiquer. La  Publicité est un moyen de survie car elle montre une organisation et ses actions auprès du public. Elle  devient un problème quand elle est hypocrite et ne sert qu’à redorer une image de marque. Il a cité le  cas du Crédit Agricole, entreprise lauréate des prix Pinocchio 2010 dans la catégorie « Greenwashing »  (voir article précédent).

D’après ces témoignages, la Publicité constitue un outil neutre de survie et seule l’intention de l’organisation en faisant usage importe. A noter qu’il est malheureusement difficile d’identifier clairement les motivations d’une entreprise lorsqu’elle communique.

Une vie de couple pas toujours facile… Prix Pinocchio 2010

Pour avancer dans leur combat, des ONG utilisent la Publicité de certaines entreprises pour les critiquer. Ainsi, les Amis de la Terre France et ses partenaires ont organisé, ce mardi 9 novembre, la remise annuelle des Prix Pinocchio, à laquelle j’ai pu assister. Le site internet dédié explique que ces récompenses ont pour but « d’illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises françaises, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu’elles utilisent abondamment ». Cet événement est de plus en plus redouté des « mauvais élèves » car il connait une notoriété grandissante.

 

Plus de 7000 internautes ont voté. Voici les « vainqueurs » de cette année, selon les catégories :

  • « Droits Humains », remis à l’organisation ayant perpétré les violations les plus graves des droits humains (y compris les droits sociaux, salariaux et sociétaux) parmi les nominés : Somdiaa, dirigé par la famille Vilgrain ;
  • « Environnement », remis à l’organisation ayant généré les impacts environnementaux les plus lourds parmi les nominés : Eramet ;
  • « Greenwashing » remis à l’organisation ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles parmi les nominés : le Crédit Agricole.

 

ZOOM sur le dernier lauréat

Les Amis de la Terre et les internautes ont critiqué la banque pour sa campagne publicitaire, mettant en avant son « sens commun », « It’s Time for Green Banking », et ses investissements réalisés en août dernier dans la centrale de charbon de Medupi en Afrique du Sud, projet polluant et rejeté par la société civile internationale. Un article sur le Greenwashing paraitra prochainement dans ce blog.

 

ONG et Publicité ne font pas toujours bon ménage…

Aloys Ligault - Chargé de campagne sur la Responsabilité des entreprises